« Je le referais sans hésitation », affirme avec enthousiasme Marc Portier. Arboriculteur et maraîcher dans le Gard, ce pionnier de l’agriculture biologique a repris en 2012 un verger agrivoltaïque de cinq hectares. « Sur ce site, il y a principalement des abricotiers. C’est un fruit capricieux : l’ombrière photovoltaïque procure des avantages énormes par rapport à une conduite en extérieur. Les aléas climatiques impactent moins les arbres et les fruits, ce qui facilite d’autant la production en bio. »

Placés au-dessus des arbres, les panneaux offrent en effet une protection efficace contre les intempéries. « La grêle, mais aussi la pluie, détaille l’arboriculteur gardois. L’abricot, c’est fragile. Au moment de la floraison, l’excès d’eau peut provoquer des problèmes de monilia, un champignon qui fait pourrir les fleurs. À la récolte, il est aussi très important que les abricots soient secs, sinon ils s’abiment tout de suite. La présence des panneaux peut sauver une récolte. »

Une protection contre la grêle, la pluie et le soleil

L’ombrière fait également rempart aux rayons du soleil en agissant contre la canicule et l’échaudage des fruits en période estivale. « Lorsqu’il fait très chaud à cette période, l’abricot cuit sur l’arbre et tombe ou noircit, ajoute Marc Portier. Les fruits sont alors déclassés pour les confitures, et vendus à moitié prix. Par ailleurs, l’ombre des panneaux permet au personnel de travailler à l’abri du soleil, qui peut taper fort en été. »

Fort de plus dix années de recul, Marc Portier et Jean-Luc Valentini, son conseiller en arboriculture, ont constaté une diminution globale des maladies. Ainsi, depuis la mise en place des ombrières, les traitements fongiques et insecticides ont été divisés par quatre en moyenne, entraînant une baisse drastique des intrants sur l’exploitation. La consommation d’eau pour l’irrigation s’est aussi fortement réduite. L'ensemble de ces bénéfices permettent de réduire les coûts de production pour l'exploitant.

Moins de tonnage mais un meilleur revenu

Le principal inconvénient constaté par les deux hommes reste en effet la baisse du tonnage, entre 20 % et 30 % de moins que pour un verger en extérieur. Cette diminution des rendements reste cependant contrebalancée par une meilleure régularité de la production. « Avec 20 % de revenus en plus, je m’y retrouve, assure Marc Portier. J’ai vu beaucoup d’arboriculteurs arrêter à cause de l’insécurité qu’implique le fait d’avoir des arbres à l’extérieur. Cette structure agrivoltaïque qui abrite ma récolte me conforte dans mes choix. »

« Le défi pour demain, c’est d’avoir plus de lumière en faveur de la production fruitière, souligne Jean-Luc Valentini. L’agrivoltaïsme implique un fonctionnement très précis et beaucoup d’ajustements. Aujourd’hui, nos résultats nous ont permis d’implanter un nouveau verger équipé de panneaux plus efficients. Le rendement surfacique ayant augmenté, nous avons pu en mettre moins pour permettre au verger de mieux s’épanouir en-dessous. »