« L’agrivoltaïsme va jouer sur le bien-être des porcs, surtout en période chaude ». Avec un projet de panneaux voltaïques en ombrières dans les parcours reliés à ses quatre bâtiments d’engraissement, Jean-Marc Fabaron évitera que ses porcs Label rouge ne suffoquent l’été dans leur bâtiment avec un GMQ dégradé. Une adaptation vitale face au changement climatique pour cet éleveur de Haute-Garonne, qui y voit aussi un moyen de conforter le revenu ».

Yoann Bizet, installé sur 170 ha dans le Calvados, veut remettre au pâturage ses 110 laitières, actuellement nourries en bâtiment par autochargeuse. « Une Installation agrivoltaïque leur apportera bientôt de l’ombre pendant les grandes chaleurs : moins de stress thermique pour les animaux et la prairie. Et sans changement de mes pratiques, les engins passeront toujours ».

La recherche démarre

« Une trentaine de projets de recherche en agrivoltaïsme sont en cours en France, avec plusieurs types de cultures : prairie, maraîchage, vigne, arbo… » recense Catherine Picon-Cochard, directrice de l’Unité Mixte de Recherche sur l’Écosystème Prairial à l’INRAE. Premier enseignement, il n’y a pas d’effet universel : « le type, la taille, la dimension et la hauteur des panneaux jouent sur la quantité et la qualité de lumière, sur les précipitations ». Les études sont très récentes et portent sur la capacité d’adaptation des plantes.  « Très variable, selon les espèces et les variétés. Alors que les prairies et framboisiers supportent très bien l’ombrage de panneaux agrivoltaïque, les résultats sont peu concluants en maraîchage et restent encore inconnus en arboriculture ». Mais tout reste à poursuivre.

Concernant les animaux, peu de données sont disponibles. Des recherches sont en cours sur ovin, bovin, volaille : « il faut qu’on avance davantage sur le sujet ». Les premiers résultats, qui restent à confirmer, indiquent que les animaux profitent de l’ombrage des panneaux en période de chaleur, régulant mieux le stress thermique et leurs besoins d’abreuvement.

Sous les panneaux, animaux et engins agricoles

« À Amance en Haute-Saône, notre pilote « canopée agricole » surplombe de 5 m une parcelle de soja, avec un écartement de 27 m entre poteaux et permet le passage des engins agricoles ». Mickaël Carlot, directeur régional chez TSE, se félicite des premiers résultats : la production d’électricité par les panneaux se double d’une culture dont le rendement est resté identique à la parcelle témoin. Une expérimentation qui va se poursuivre, en partenariat avec l’Inrae, la chambre d’agriculture et la coopérative locale. Chez CVE, un projet liant agrivoltaïsme et bien être ovin, permet grâce à des capteurs sur animaux, d’évaluer leur température, leur poids et la production fourragère. « Nous allons pouvoir mesurer les bénéfices et optimiser le design des installations agrivoltaïques » explique Clément Herweigh, responsable nouvelles Solutions agrivoltaïsme chez CVE. Le pilote Camélia, mis en place par Engie Green en partenariat avec l’Inrae, abrite des bovins. « Installé au sein de l’Herbipôle en Auvergne, il offre une configuration de panneaux solaires bifaciaux formant une haie solaire et permettant la mécanisation des terres, tel que l’épandage et le fauchage » complète Aline Chapulliot, responsable nouvelles offres et innovation chez Engie Green.

Quelle parcelle choisir ?

Toutes les parcelles ne se prêtent pas à l’agrivoltaïsme. « Il y a des critères réglementaires et économiques à respecter, ainsi que la possibilité de raccordement à un poste source à partir d’une certaine taille, explique Gabriel Brezet, codirecteur business développement chez Photosol. La demande de permis construire, à déposer auprès de la préfecture, sera forcément assortie d’études d’impact environnemental, paysagère, biodiversité ». Autant de garde-fous, qui limiteront les parcelles agricoles pouvant prétendre à l’agrivoltaïsme.

L’agriculteur au cœur de la conception

Pour concevoir une installation agrivoltaïque, compter environ quatre ans et un enchaînement d’étapes clé, que l’installateur prend en charge. Comme le rappelle Photosol, « il n’y a pas d’installation type, mais du « sur-mesure », taillé selon la typologie de l’exploitation candidate et des besoins de l’agriculteur, qui reste au cœur du projet ». Le financement – très onéreux — est pris en charge par l’installateur. La rémunération et/ou le loyer se répartissent entre le propriétaire et l’agriculteur s’il est en fermage, selon des clauses propre à chaque installateur et chaque installation.

Bien préparer l’acceptabilité sociétale

Pour que les perspectives émergentes de l’agrivoltaïsme ne se heurtent pas à des oppositions sur les territoires, un travail de concertation est indispensable. Un thème cher à Engie Green : « L’acceptabilité sociétale, c’est notre marque de fabrique, via un énorme travail de dialogue avec les parties prenantes : l’agriculteur, les riverains, habitants, élus locaux, associations, usagers, services administratifs et consulaires concernés », détaille Aline Chapulliot. Des rencontres pour expliquer, comprendre craintes et attentes et trouver un alignement. « C’est le sens de notre label TED (Transition Energétique Durable) co-conçu avec le bureau Véritas, que nous appliquons à tous nos projets ». Un travail de fond nécessaire, face aux nombreuses interrogations qui circulent sur l’agrivoltaïsme…

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