Et si l’agrivoltaïsme constituait une opportunité pour garantir à la fois la souveraineté alimentaire et énergétique de la France. C’est le pari qu’a fait Benoit Bougler, agriculteur à Brouchy dans le département de la Somme.

Depuis le printemps 2023, 3 hectares de son exploitation sont partiellement recouverts de panneaux photovoltaïques tournants positionnés à plus de 5 mètres de haut. Une culture de maïs est ainsi à l’abri des aléas climatiques et des stress hydriques et thermiques notamment. En effet, l’ombre partiellement portée sur la culture permet de baisser la température en été, de limiter l’évapotranspiration, mais aussi de prévenir les risques de gel printanier. « Ce projet est motivé par une réflexion globale sur la façon de limiter les impacts du changement climatique sur mon exploitation et d’économiser l’eau. L’agrivoltaïsme semble être une réponse intéressante », résume Benoît Bougler.

Cette structure haute est entièrement compatible avec la mécanisation. Les portées de 27 mètres autorisent une largeur de travail de 24 m. Ainsi le passage d’engins n’est pas empêché. TSE  estime l’emprise au sol de la canopée agricole à 0,3 % de la surface de la parcelle. Ce nouveau pilote a aussi la particularité d’être doté d’un système intelligent d’irrigation des cultures d’une précision millimétrique. « Pour notre deuxième démonstrateur (TSE, producteur d'énergie solaire, inaugure son premier site), nous avons souhaité répondre à un défi majeur pour le monde agricole, celui de la maîtrise de la ressource en eau. Les poteaux sont ainsi équipés de sprinklers », précise Mathieu Debonnet, président de TSE. Pour Benoit Bougler, c’est un gain de temps et une optimisation de la ressource en eau par rapport à une installation classique. « Ce type de dispositif pourrait, selon nos simulations, permettre d’économiser jusqu’à 30 % d’eau », précise Mathieu Debonnet.

« Des projets construits avec les acteurs du territoire »

S’agissant des conditions contractuelles de ce type de projet, Mathieu Debonnet précise que le bail rural est maintenu dans la mesure où il n’y a pas d’emprise sur le foncier : « c’est un volume au- dessus des cultures qui est loué à l’agriculteur ».

Par ailleurs, des chartes départementales sont travaillées et signées entre les Chambres d’agriculture, les conseils départementaux et les collectivités territoriales. « Il est important que ces projets se construisent avec les acteurs du territoire, ces chartes ont un cadre national mais elles sont déclinées localement. Elles visent à préserver la vocation nourricière des terres agricoles », explique Françoise Crété, présidente de la Chambre d’agriculture de la Somme. « Notons aussi que dans le cadre de la loi AER (loi relative à l’accélération des énergies renouvelables (un cadre pour les installations photovoltaïques sur terres agricoles I Ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire), il y a obligation à ce que la parcelle reste exploitée si l’exploitant s’en va. »

D’autre part, la Chambre d’agriculture est aussi partie prenante dans le suivi agronomique de ce pilote expérimental. « Il est essentiel d’acquérir dans le temps des références tangibles et transparentes pour développer de façon pertinente ces filières », insiste la présidente.

Être facilitateur de projets pour répondre aux enjeux

« Produire de l’énergie dans nos champs, ce n’est pas nouveau », assure Luc Vermersch, président délégué de la coopérative Noriap (Noriap, Coopérative Agricole des Hauts-de-France et de Seine-Maritime) et de poursuivre, « nous sommes le prolongement des exploitations, nous avons nécessairement un rôle à jouer, a minima pour fédérer et mettre en relation, et pourquoi pas, rentrer au capital. Et lorsqu’un nouvel acteur s’intéresse à nos territoires, nous nous devons d’être présents et d’accompagner les projets. »

RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité, table sur une augmentation de 30 à 40 % des besoins en électricité dans la prochaine décennie. Et, de fait, milite pour une accélération du développement des énergies renouvelables. « L’énergie solaire permet de répondre rapidement à ces besoins et à un coût compétitif », assure Mathieu Debonnet.

Et si, en parallèle, on préserve voire contribue à maintenir une agriculture productive et durable sur les territoires, alors les opportunités semblent prometteuses. Et, grâce à cette canopée agricole, les producteurs de grandes cultures peuvent aussi contribuer à cet essor.

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Article réalisé par la France Agricole Factory et proposé par TSE.