Avec la décision d’augmenter de +15 à +20% le tarifs d’achat du biométhane pour les installations en injection, le ciel s’éclaircit enfin pour la filière méthanisation. “L’activité était stagnante, reconnaît Christophe Delommez, responsable des ventes France chez agriKomp, spécialiste européen de la méthanisation agricole, avec plus de 200 installations en service à la ferme dans tout l’hexagone. Aujourd’hui, malgré l’augmentation des charges et les nouvelles normes, il redevient rentable de se lancer dans un projet de méthanisation.” Seul bémol, les installations en co-génération ne bénéficient pas de cette revalorisation.

Un dimensionnement précis, au cas par cas

Garantir la rentabilité d’une unité de méthanisation sur la durée nécessite cependant de la méthode. La première chose à laquelle il faut veiller, c’est de bien dimensionner le méthaniseur. Il est primordial de connaître avec précision la quantité de matières premières, fumiers, lisiers, ensilages dédiés, cultures intermédiaires… dont on dispose pour alimenter le digesteur. Il n’existe pas de calcul miracle : chaque exploitation est unique et il est essentiel de raisonner au cas par cas. Avoir le même nombre de vaches ne signifie pas forcément générer la même quantité de fumier. “Cela dépend du pâturage s’il y en a, de la quantité de litière, de la race, de la façon des rations, des surfaces de cultures à vocation énergétiques, détaille Christophe Delommez. L’idéal est de pouvoir évaluer avec le client la quantité de matières premières qu’il est en mesure de produire. Cette approche pragmatique permet de dimensionner l’installation au plus juste.”

Prudence avec les approvisionnements extérieurs

Au cœur de la démarche, l’autonomie. Ainsi, il est conseillé de maîtriser les sources d’approvisionnement extérieures dans le dimensionnement de l’unité. “A une époque, les issues de céréales étaient données. Aujourd’hui, si on arrive à en trouver, elles coûtent plus de 60€ la tonne ! Beaucoup d’exploitants méthaniseurs qui avaient parié sur ces gisements de matières premières ont dû trouver d’autres solutions, au détriment de leurs marges.” Bien sûr, s’y intéresser n’est pas interdit, mais les approvisionnements extérieurs doivent être considérés comme un bonus. Une opportunité se présente ? Il reste évidemment possible de substituer différentes ressources occasionnelles à vos ensilages ou vos Cive - qui pourront être valorisées en fourrage (à moyen terme), ou stockés (à plus long terme et en gérant ses silos).

Des investissements ciblés pour réduire les charges

Investir “au bon endroit” permet aussi d’optimiser la rentabilité. Comme en s’équipant de cuves de grande capacité, destinées à créer du temps de séjour supplémentaire dans le digesteur, ou les incorporateurs directs. “Ce type d’équipement ne coûte pas plus cher et nécessite moins de maintenance. Dès qu’il y a des éléments mécaniques, l’entretien impacte les marges. Un broyeur dégrade plus vite la matière, certes, mais les couteaux doivent être changés régulièrement.” Garde-fou contre l’emballement des tarifs de l’énergie, les moteurs de co-génération en auto-consommation sont une solution pour produire sa propre énergie et maîtriser ses coûts. “Ce système porte le coût de l’électricité à environ 200€ le MWh. Aujourd’hui, les tarifs du réseau public se situent en dessous, mais si les prix s’affolent à nouveau, on conserve sa rentabilité.”