Elle a su se fondre dans le décor : entourée de haies vives, le parcagrivoltaïque de Verneuil-Charrin (Nièvre) est invisible aux regards. Tout a été pensé pour limiter l’impact sur le paysage. Depuis le chemin qui la traverse, difficile de s’imaginer qu’elle s’étend sur 70 hectares, divisés en quatre îlots. Il s’agit pourtant d’une des installations agrivoltaïques parmi les plus importantes de France. Implantée depuis 2017 par Photosol sur une prairie pâturée par des brebis, sa puissance est de 43 MWc pour une production annuelle d’une cinquantaine de GWh. L’équivalent de la consommation de 24 000 personnes, une petite ville.

« Retrouver une autonomie fourragère »

Outre la production d’électricité, le parca aussi permis le maintien d’une activité agricole sur les parcelles concernées. « Dans un contexte de sécheresses à répétition, nous avions de grosses difficultés à reconstituer nos stocks herbagers, pointe Emmanuel Mortelmans, éleveur ovin associé au projet. Accéder à ces prairies agrivoltaïques nous a aidés à retrouver une autonomie fourragère. Nous avons augmenté notre surface, et les panneaux sont implantés de telle manière qu’ils offrent une protection à la pâture tout en la protégeant des sécheresses de plus en plus fréquentes, sans occulter complètement l’espace comme ce serait le cas pour une centrale au solclassique. Résultat, le sol est plus frais et humide sous les panneaux et il y a toujours de l’herbe verte, en particulier en plein été. » Autre avantage souligné par l’éleveur, les panneaux protègent contre les pluies froides de mars. « Les agneaux sont moins pénalisés au démarrage », se réjouit-il. Des observations constatées par la Chambre d’Agriculture de la Nièvre, qui suit la productivité de lots d’agneaux au sein du parc agrivoltaïque de Verneuil avec son « dispositif prairies sentinelles » depuis 2021, en comparaison à un lot sur une prairie classique. En 2021, le lot sous panneaux a présenté 10% de poids en plus par rapport au lot classique et une mortalité de 3,6% au lieu de 12,7 %.

Conduite du troupeau sous les panneaux : un chien pour rassembler les brebis

L’installation n’en a pas moins modifié la structure des pâtures, et il a fallu s’adapter. « Avant, on comptait sur la gourmandise des brebis pour les rentrer, ce qui n’était pas toujours efficace, explique l’éleveur. Au fil du temps, certaines sont devenues récalcitrantes. De fil en aiguille, nous avons logiquement pensé à prendre un chien. Mais est-ce qu’il pourrait faire le travail avec les structures installées sur la pâture ? » Pour le vérifier, nul autre que le triple champion de France de dressage de Border Collie, Guillaume Josien, est venu visiter le parc agrivoltaïque . Deux chiens sont mis à l’épreuve, et malgré un troupeau un peu dispersé, les bêtes sont vite rassemblées. Le constat est sans équivoque : les panneaux, dont le point bas est situé entre 1,10 m et 1 m 20, autorisent une excellente circulation des brebis, et les chiens s’habituent sans difficultés.

Objectif 2050,  mobiliser moins de 0,25% des surfaces agricoles utiles en France

Avec ses six ans d’existence, le parcde Verneuil-Charrin se pose en modèle. Faudra-t-il encore beaucoup d’installations de la sorte pour couvrir les besoins en énergies renouvelables à l’horizon 2050 ? Les perspectives se dessinent. En se basant sur les scénarios de neutralité carbone 2050 de RTE, l’agrivoltaïsme pourrait représenter autour de 60 GWc de puissance au sein d’unmix énergétique mêlant Nucléaire, éolien, hydroélectricité et solaire également en toiture, contre 16 GWc de puissance solaire en 2023 (sur tout type de terrain et toitures). « Il faudrait mobiliser 70 000 hectares agricoles pour atteindre ce chiffre, commente Gabriel Brezet, co-directeur business développement du Groupe Photosol. C’est considérable, mais sans aucune artificialisation, puisque l’activité agricole est maintenue, et cela ne représente finalement que 0,24 % de la SAU totale française, ou 0,5 % des prairies. Il est essentiel pour le climat que les éleveurs intéressés contactent dès à présent des développeurs comme Photosol,afin de lancer les projets au plus tôt et que ceux parmi les plus pertinents obtiennent leur Permis de Construire.»

Article réalisé par la France agricole Factory et proposé par Photosol.

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