« Notre objectif à travers cette étude était d’évaluer comment évoluent les brebis sous des panneaux, résume Véronique Deiss, chargée de recherche pour Inrae et responsable du projet de suivi du parc solaire de Bissey-sous-Cruchaud (71). Pour cela, nous avons posé sur chaque animal un podomètre afin de différencier les positions couché ou debout, ainsi qu’un capteur de luminosité permettant de savoir si les brebis étaient à l’ombre des panneaux ou au soleil. Nous avons également réalisé des observations visuelles pour valider les données acquises par les capteurs, et noter si elles s’alimentaient, se reposaient, ruminaient ou se déplaçaient. » L’état sanitaire du troupeau a aussi fait l’objet d’un suivi (parasitisme, écoulements nasaux, blessures).

À l’abri des panneaux, moins de stress thermique

Menée sur deux années, l’étude a confirmé que les panneaux servent spontanément de refuge aux bêtes pendant les journées ensoleillées et réduisent le stress thermique de manière importante. « Ils ne l’évitent pas totalement, nuance la chercheuse. Même sous abri, la respiration peut atteindre un rythme élevé, quand la température augmente en zone nue, mais dans une bien moindre mesure par rapport à des brebis pâturant sans aucun abri. » En période estivale, les animaux décalent leur activité : repos et rumination durant les heures chaudes, alimentation plus tôt le matin ou plus tard le soir. Quant à la production fourragère, les observations ont montré une pousse accrue de l’herbe en bordure et sous les structures photovoltaïques. Selon les analyses effectuées, cette herbe présentait également une meilleure digestibilité.

« Mieux dimensionner nos installations agrivoltaïques »

« Cette expérimentation nous apprend beaucoup sur la manière d’optimiser un pâturage ovin avec des panneaux solaires. L’exploitation des résultats va nous aider à mieux dimensionner nos installations agrivoltaïques, que ce soit pour le bien-être animal, mais aussi l’ensemble des activités agricoles » , se félicitent Clément Heirwegh, responsable agrivoltaïsme chez CVE, et Lucie Moindrot, chef de projet développement solaire chez Statkraft.

Les résultats de l’étude ont permis de considérer les pistes suivantes pour le bon dimensionnement des projets agrivoltaïques :

  • Rehausser les panneaux pour éviter les blessures et faciliter l’observation des animaux,
  • Réduire le nombre de pieux dans le sol pour un entretien plus aisé notamment des refus (structures monopieux),
  • Prévoir des allées intermédiaires pour faciliter le regroupement des animaux et des espacements inter rangées adaptés aux machines utilisées pour la gestion de la pâture,
  • Diviser les parcelles en ilots, avec des clôtures mobiles pour faciliter le pâturage dynamique et optimiser la gestion de la production fourragère.

 

« Ces résultats sont très prometteurs, reprend Clément Heirwegh. En effet, le parc photovoltaïque n’était pas dimensionné pour recevoir des ovins, ni pour l'exercice d'une activité agricole. Cependant, il a présenté dans le cadre de cette étude des bénéfices à la fois sur le bien-être animal et sur la production fourragère. Nous pouvons donc considérer qu’une structure agrivoltaïque adaptée à l’élevage, prenant en compte toutes ces pistes d’amélioration, permettra d’assurer encore plus de synergie entre production agricole et production d’énergie. Ces installations contribuent ainsi à l’apport de bénéfices agronomiques, à l’amélioration du bien-être animal et à la diversification des revenus des exploitations. »