Pour les élevages de bovins laitiers, les indications géographiques semblent remplir leur but initial : augmenter le chiffre d’affaires des exploitations. Pour autant, sont-elles un outil qui peut être mis au service de la transition agroécologique ? C’est la question que se sont posée des économistes du Centre d’études et de prospective, un outil d’analyse du ministère de l’Agriculture.

Pour y répondre, les chercheuses et chercheurs ont comparé les résultats d’élevage en indications géographiques à des élevages hors indications avec des chiffres de 2019.

Trois grandes familles de critères ont été regardées :

  • Économiques ;
  • Environnementaux ;
  • Liés au bien-être animal.

Plusieurs zones d’indications géographiques ont été considérées : le munster, les AOP fromagères d’Auvergne, celles de Savoie, le comté, et le beurre de Poitou-Charentes.

1. Économie

La performance économique est jugée selon le critère du résultat courant avant impôts par unité de travail non salarié. Constitué du résultat d’exploitation et du résultat financier réalisé dans l’année, c’est un critère assez souvent utilisé pour approcher le revenu agricole de l’exploitant. Pour écarter les éventuelles optimisations comptables, une analyse sur les excédents bruts d’exploitation a été menée et elle aboutit à des conclusions similaires.

Globalement, le revenu des exploitations sous indication géographique est significativement plus élevé que pour celles qui n’y sont pas : 30 000 euros contre 23 000 euros. Mais il existe de fortes disparités entre les indications.

Le comté, en particulier, se détache nettement avec 46 000 euros, le double des hors-IGP, alors que le munster et les appellations d’Auvergne ne sont pas très différents des hors-IGP. À tel point que, parfois, la valorisation du lait ne parvient pas à compenser les coûts de production supérieurs induits par le cahier des charges.

2. Environnement

La performance environnementale est jugée à travers un indice qui contient onze critères tels que la part de prairies, la diversité des cultures, la charge en engrais ou en produits phytosanitaires, la part d’énergies renouvelables, la taille des exploitations, etc. L’ensemble des exploitations sous indications géographiques présente un score moyen plus élevé que celles qui n’y sont pas. Mais ces écarts s’estompent quand on compare les exploitations, en IG et hors IG, dans une même zone géographique.

Pour les économistes, ce n’est pas forcément l’engagement dans l’indication géographique qui explique les meilleurs scores mais plus une traduction de l’historique : « Les cahiers des charges des IG, notamment les plus exigeants, par leur respect des “usages locaux, loyaux et constants”, sélectionnent finalement des exploitations plus performantes sur le plan environnemental, par leur structure, leurs pratiques et leur localisation », avancent Salomé Sengel, Estelle Midler et Jean-Noël Depeyrot.

Si les indications géographiques devaient être utilisées pour accélérer la transition agroécologique, ce serait plus pour leur effet d’entraînement que pour leurs contraintes.

3. Bien-être animal

Le bien-être animal a été évalué avec un ensemble de dix critères connus dans les statistiques, comme la durée et la surface de pâturage, l’écornage ou non, les traitements vétérinaires, l’aire d’exercice, etc.

Là, c’est encore plus clair que pour l’environnement : on ne retrouve pas de différence significative entre les élevages dans les indications ou en dehors.