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Une tente, des caravanes voire des ballots de paille dans un godet, protégés par une bâche. Tous les moyens sont bons pour grappiller quelques heures de sommeil sur l’autoroute A15 près d’Argenteuil (Val-d’Oise) en direction de Paris.

Cette autoroute s’est transformée en aire de camping, de quoi permettre aux agriculteurs de rester « tant qu’il n’y a rien de concret » du gouvernement, assure Coralie De Chaumont, céréalière dans l’Oise, mardi 30 janvier 2024. Cette productrice de blé, betteraves, colza et flageolets est arrivée la veille. « Je savais pourquoi je venais, mais pas où j’allais dormir », rit celle qui a finalement passé la nuit dans une caravane attelée à un tracteur.

L'une des caravanes utilisées pour les nuits. (© GFA / Johanne Mâlin)

« On a mis des matelas dans la benne à côté et quand il n’y a pas de place on dort dans les cabines des tracteurs », explique Fabrice Mauger, céréalier dans le Val-d’Oise. L’agriculteur a pris la route lundi à 14 heures, avec une cinquantaine de tracteurs venus de l’Oise, à l’appel de la FNSEA pour bloquer Paris.

L’objectif pour le syndicat agricole est faire monter la pression auprès du gouvernement pour obtenir des mesures concrètes. Depuis le 19 janvier, où le premier barrage a été mis en place, les agriculteurs manifestent sur l’ensemble du territoire français. Ils dénoncent, entre autres, la lourdeur administrative et un revenu trop faible.

Roulements de manifestants

Un peu partout autour de la capitale, plusieurs autoroutes ont été bloquées par les agriculteurs qui se sont installés dans l’objectif de rester durablement avec la mise en place des roulements de mobilisés. « On tourne de 5 h à 13 h, 13 heures à 22 heures et de 22 heures à 5 heures », précise Coralie De Chaumont. Des toilettes sèches ont aussi été mises en place avec du son de blé des exploitations.

Un moyen de maintenir le mouvement mais aussi de pouvoir être présent sur son exploitation. « J’ai la chance de travailler en famille. Ce soir je rentre à 22 heures, et mon frère vient en relais pour soutenir le mouvement », explique Fabrice Mauger alors qu’une enceinte diffuse le discours de politique générale du Premier ministre, Gabriel Attal. « En tant que céréalier, on a la chance d’avoir une période un peu creuse mais les éleveurs s’organisent aussi donc nous, on est dans l’obligation de d’être là pour soutenir les collègues », ajoute Coralie De Chaumont.

Les manifestants ont installé un véritable campement avec barbecue, tables et chaises. (© GFA / Johanne Mâlin)

Dans la journée, des représentants syndicaux viennent soutenir les exploitants, comme Remi Festuot, secrétaire général de la FDSEA des Ardennes, arrivé le matin à 6 heures. « On échange sur les contestations, chacun partage ses contraintes du terrain », témoigne-t-il près du barnum monté dès le lundi soir.

Repas locaux

À chaque roulement, les agriculteurs ravitaillent les manifestants en boissons et nourriture. Au menu de ce soir, une tartiflette pour une cinquantaine de personnes avec des pommes de terre du territoire. « On se rend compte qu’on est capable de tout faire sur place avec nos propres produits, se félicite Coralie De Chaumont, ce midi, on a réussi à faire un chili con carne avec du maïs local et de la viande « made in Vexin » (région historique d’une partie de l’Île-de-France, ndlr) ».

Des repas chauds, de la musique et de la convivialité. C’est la recette des agriculteurs pour maintenir une mobilisation, déjà sans précédent.