Automne 2019. Bilan des récoltes : seulement 25 bottes de foin sont récoltées pour 170 ha de prairies, et le silo d’ensilage est vide de deux tiers. « Les conséquences de la sécheresse étaient catastrophiques, et personne ne vendait de foin », se souvient Thierry Champeix, éleveur de salersà Sauxillangesdans le Puy-de-Dôme, en Gaec avec son épouse Marie-Claire. C’est le déclic.

« Nous avons vendu une quinzaine de bêtes à moitié prix pour réduire le cheptel, et nous avons adapté le système pour atteindre l’autonomie alimentaire. » L’objectif est désormais atteint, notamment grâce à l’introduction de méteil dans la ration de ses 100 mères salers. «Le cahier des charges bio m’a permis de labourer des prairies au profit de ce mélange de céréales et de légumineuses », explique l’éleveur.

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En plus d’une trentaine d’hectares affectés aux céréales, 7 ou 8 hasupplémentaires sont entrés dans la rotation : une prairie permanente est retournée pour y semer du méteil puis du maïs, avant d’être réimplantée en prairie temporaire. Thierry souhaite maximiser l’utilisation de cette surface : « Je récolte le méteil autour du 15 mai, et je sème un maïs juste derrière pour m’assurer une réserve fourragère en cas de coup dur. »

Finir les animaux à l’herbe

Thierry produit également ses propres semences de méteil. À l’aide de sa bétonnière en guise de mélangeuse (lire aussi l'encadré ci-dessous), l’éleveur fait sa recette personnalisée de méteil grain : 80 kg de triticale, 40 kg de blé, 30 kg d’avoine, 25 kg de pois et 12 kg de vesce pour un hectare.

À la récolte, il  réserve 8 tonnes à broyer et à stocker en boudins pour la complémentation à l’engraissement. Le reste des semences de méteil grain est complété pour être récolté en méteil ensilage. « À la préparation de base, j’ajoute 15 kg de seigle, 10 kg de seigle forestier, 33 kg de pois et 10 kg de vesce. Tout cela est semé, fauché puis ensilé », explique Thierry.

80 % de la ration de base des vaches est couverte par cet ensilage, complété à 20 % de foin. « L’objectif est de finir les animaux à l’herbe », souligne l’éleveur. Le système herbager est déjà bien rodé sur l’exploitation. « J’ai 30 ha d’estives, à une trentaine de kilomètres de la ferme. J’y place 25 génisses, 10 couples de vaches et de veaux, ainsi que 15 bœufs. »

Le pâturage tournant séduit, depuis plus de dix ans, son épouse associée, Marie-Claire, formée à la pratique. La race des veaux a aussi son importance. « Je teste l’introduction de croisements salers et angus depuis un an. Je vends actuellement les bœufs à 3,5 ans, et j’espère réduire à trois ans grâce aux caractéristiques précoces de l’angus », projette Thierry.

Enfin, passionné de concours départementaux et nationaux, l'éleveurassume ne pas trop « pousser » ses animaux. « Seulement deux mois de complémentation suffisent pour les préparer aux concours, grâce à 2 kg de méteil grain par animal et par jour. »